Les Bleus, d’abord la risée* de la France bien-pensante

Publié le par Joel Didier ENGO

Roselyne Bachelot est appelée à arbitrer le conflit entre les joueurs et la Fédération

On découvre donc par hasard, au détour d’un malheureux incident dans les vestiaires, qu’une équipe (nationale) de football est aussi et avant tout, un groupe d’hommes, mu par des inimitiés, des susceptibilités, des rivalités, de la grossièreté, de la vulgarité, et parfois du talent…

 

Ah non, les médias et les bien-pensants qui s’y bousculent, découvrent que l’équipe de France de Football n’est plus qu’une transposition à grande échelle d’une société française rongée par l’individualisme de ses élites; et le communautarisme de celles et ceux à qui ses décideurs concèdent au mieux d’être des faire-valoir de la bonne marche de l’économie ou de l’image de la France à l’étranger; au pire de n’être que des gladiateurs (voire des esclaves) des temps modernes, qui n’ont pas le droit d’avoir des états d’âme, d’amour propre, de dignité personnelle; au motif qu’ils seraient tous des “millionnaires”.

 

Sans défendre les égarements personnels et les errements professionnels de ces Messieurs, force est de constater qu’ils sont aujourd’hui le défouloir prisé de toutes les frustrations populaires, attisées par un gouvernement qui les considère comme sa propriété (la ministre de la santé a carrément pris ses quartiers en Afrique du Sud et en fait “sa préoccupation principale”).

 

Ils deviennent ainsi inévitablement, bien malgré-eux, les cache-misère et les (éternels) figurants d’une pièce française qui se joue pourtant depuis des années et des mois sans leur avis. Et au moment où ils expriment enfin leur opinion sur la nécessaire cohésion de leur équipe de football, on leur rétorque explicitement et tous en choeur:

 

“Sous-hommes fermez-la! Vous n’êtes pas là pour penser. Vous êtes très bien payés pour taper dans un ballon et divertir le bon peuple de France.”

 

Point final.

 

Joël Didier ENGO

 

 

* «La risée du monde»: la presse s’offre les Bleus

http://www.liberation.fr/sports/0101642597-la-risee-du-monde-la-presse-s-offre-les-bleus

 

Les Bleus: «petits merdeux» de banlieue ou boucs émissaires?

http://www.liberation.fr/sports/0101643320-les-bleus-petits-merdeux-de-banlieue-ou-boucs-emissaires

 

Feeling Bleu By ROGER COHEN

How did France’s “black-blanc-beur” victors of 1998 become this divided band of brats? (The New York Times)

http://www.nytimes.com/2010/06/25/opinion/25iht-edcohen.html?ref=global

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