France: répression de la presse, une forme de retour aux sources...

Publié le par Joel Didier ENGO

Njawé Prison: Camer.beSi l’Etat policier et reprsssif se susbtitue désormais à l’Etat de Droit en France; que la mission première des enquêteurs judiciaires consiste à humilier, voire à lyncher publiquement des présumés innocents. Alors, nous sortons clairement de la démocratie pluraliste pour rentrer dans une sorte d’autocratie bien-pensante où aucun autre son ce cloche n’est toléré, autre que de celui émis par la « Haute hierarchie » politique, économique, administrative ou judiciaire.


Au Cameroun, nous en avons l'habitude...


Et autant le dire clairement, la gouvernance de la France de 2008 nous rappelle curieusement celle de notre république bananière, où le directeur d’un groupe de presse, en l’occurence Pius Njawe du Journal le Messager (actuellement en tournée française avec l’Association Survie) peut être arrêté 126 fois en 27 ans de carrière; sanctionné par toutes sortes de privations de liberté: allant de 3 mois avec sursis à 10 mois ferme…d'emprisonnement.


Pourquoi? parce qu’il dénonce l’accointance honteuse entre le dictateur Paul Biya et quelques grandes entreprises françaises (Bolloré notamment, mais aussi Rougier, Castel, Orange, Total  et les autres); en tout, plus de 200 entreprises françaises qui règnent dans l’impunité totale sur le Cameroun, contribuant avec la complicité du régime Biya, à la paupérisation et à l’endoctrinement totalitaire de tout un peuple.


La France serait-elle entrain de s’appliquer à elle-même le modèle de répression de la presse que son élite a jusqu’ici exporté et cantonné à l'Afrique noire? nous pouvons sérieusement le craindre…


Malheureusement!!!


A la une
Un journaliste de Libération humilié par la police

C'est un pays dans lequel la police peut débarquer chez le journaliste d'un quotidien, l'humilier devant ses enfants, l'insulter, le menotter, le déshabiller complètement au dépôt... A cause de quelques mots écrits dans ce journal qu'il a dirigé pendant quelques mois.

Ce pays, c'est la France de 2008.


L'affaire, hallucinante, est racontée par Libération. Vendredi matin, Vittorio de Filippis, journaliste à Libération, est réveillé à 6h40 par des coups frappés à la porte de sa maison.


Trois policiers lui disent qu'ils ont un mandat d’amener au TGI de Paris contre lui. "Habillez-vous, on vous emmène." Il proteste. "Vous, vous êtes pire que la racaille!", disent les policiers, devant son fils de 14 ans.

Il est emmené au commissariat du Raincy. Quel est le crime commis par le journaliste? On lui parle d'une affaire de diffamation à l'encontre de Xavier Niel, fondateur de Free, le fournisseur d'accès à Internet... Vittorio de Filippis a en effet été directeur de la publication de Libération pendant la période de transition July-Joffrin. A ce titre, il est responsable de tout ce que le journal a publié à cette époque...


Vittorio de Filippis demande la présence des avocats du journal. Réponse: "Ils ne seront pas là." Il doit vider ses poches, il est menotté dans le dos, direction Paris. Là, à la PJ, il doit de nouveau vider ses poches, et se déshabiller. On lui demande de baisser son slip, de se tourner et de tousser trois fois. La procédure... Il se rhabille. On lui a retiré ses lacets, sa ceinture, la batterie de son portable, ses papiers...


Il est poussé dans une cellule avec cafards et mites.


Deux heures plus tard, on lui redemande de se déshabiller complètement. Il baisse son slip, se tourne, tousse. Toujours menotté, il est escorté vers la juge Muriel Josié, vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris. Elle lui signifie qu’elle l’a convoqué plusieurs fois par courrier dans le cadre de l’affaire Niel et qu’il a toujours été «injoignable» (il transmettait les convocations aux avocats du journal).


Le journaliste refuse de répondre à ses questions. Il est alors mis en examen pour diffamation, avant d'être relâché.

Ces méthodes, qui concernent un délit qui n'est même pas passible de prison, sont proprement inadmissibles, et Rue89 se joint à l'indignation de Libération et de ses personnels.


Il est indispensable qu'une enquête soit ouverte sur cette affaire, et que des sanctions soient prises contre les responsables de cette interpellation. C'est la première fois, semble-t-il, qu'un directeur de la publication fait ainsi l'objet d'un mandat d'amener pour un délit de presse.


Mais ce n'est pas la première fois que la liberté de la presse est bousculée depuis deux ans. Perquisition au Canard Enchaîné, garde à vue du journaliste Guillaume Dasquié, mises en examens à répétition... La liberté de la presse régresse en France: tous les démocrates devraient s'en alarmer.

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