Cameroun: une affaire symptomatique de la décrépitude généralisée dans "la maison Etoudi"

Publié le par Joel Didier ENGO

Au-delà de l'infortune du lieutenant Luc Emane, mis à la retraite d'office par décret du président de la république

pour "faute grave contre la discipline et faute contre l'honneur"...  il est quand même permis de s'interroger, en simples profanes:

mais de quoi un chef d'Etat du Cameroun (certes transformé en république banière) peut bien causer avec un lieutenant sac à dos comme Emane Luc??? quels types de confidences institutionnelles, diplomatiques, livresques, financières, commerciales, sécuritaires, villageoises peuvent-ils bien échanger? quelles courses et autres "courriers sensibles" peuvent décemment être confiés au lieutenant Luc Emane par un Président de la République???

Le malheureux incident relatif à "l'affaire dite de la malette du président Paul BIYA" semble plutôt révélateur d'une décrépitude généralisée dans "la maison "Etoudi".

Cela échappe véritablement à tout entendement humain et républicain...normalement constitué.

Merci

Quotidienmutations
LA SEMAINE | 05 Dec 2008


Luc Emane : Larmes du crime

Luc Emane: Camer.be

 


Le garçon de course de Paul Biya vient d'être viré de l'armée, sans autre forme de procès.
Félix C. Ebolé Bola


Le président de la République, chef de l'Etat et chef des Armées, Son Excellence Monsieur Paul Biya, a signé ce jour, lundi 1er décembre 2008, un décret portant mise à la retraite d'office du lieutenant Emane Luc, officier de l'Armée de terre pour "faute grave contre la discipline et faute contre l'honneur". Ainsi s'acheva la carrière d'un homme. D'un trait de plume, Paul Biya venait aussi de mettre un terme à une longue complicité. Mais saura-t-on jamais l'origine de ces "faute grave contre la discipline et faute contre l'honneur", qui viennent de lui valoir cette sanction suprême dans le corps des armées? Sans doute jamais. Aurait-il alors été simplement une victime - directe ou collatérale - des multiples batailles qui, depuis des mois, secouent les murs du Palais?

Luc Emane, apprend-on, était connu pour être l'un des garçons de course du chef de l'Etat, parfois le transporteur du courrier "sensible" du président de la République. Il a commencé sa carrière comme un "sac au dos", c'est-à-dire comme un simple soldat. Etait-il déjà à cette époque-là, le garçon de courses de célèbre réputation qu'il aura été pendant près de vingt ans dans l'entourage de Paul Biya? Difficile de savoir. Toujours est-il que dans Minko'o natal de village dans l'arrondissement de Djoum, il se dit qu'il obtint péniblement le certificat d'études primaires et élémentaires (Cepe). Garçon docile, il va gravir les échelons dans l'armée au point de s'ouvrir les portes du Palais dont il a fini par maîtriser les mécanismes de la boutique. Mais comment a-t-il pu tomber si bas du jour au lendemain?

Le 19 septembre dernier à Genève ben Suisse, le brave soldat était interpellé à l'hôtel Intercontinental. On l'accuse d'avoir tenté de "tomber en brousse" avec la "mallette" du Président. Il est convoyé au pays manu militari.

A l'aéroport de Yaoundé-Nsimalen, il est accueilli par des gros bras de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) et de la Garde présidentielle (Gp) qui l'attendaient à bras ouverts. A partir de là, la piste du "détourneur de mallette" se perd dans les dédales de l'"exploitation" à la Sécurité militaire (Sémil). Où il n'aurait point été avare en révélations. Et aurait, surtout, mis à mal certaines idées reçues et un certain nombre de postulats…

Garçon de maison
Dans la maison "Etoudi" en effet, toutes les personnes interrogées affirment que tout le monde "pioche" dans la "mallette" du patron, sans avoir à craindre la moindre sanction de la hiérarchie, mais que personne n'a jamais songé à "tomber en brousse". D'où vient-il alors qu'un habitué de ces couloirs ait décidé, sachant comment "ça" se passe, d'où il vient et de comment il a acquis sa "puissance", se retrouve en train de détourner carrément la valise de qui il tient son "pouvoir", aussi bien à Yaoundé où il bouchait les horizons à tout le monde qu'au village à Djoum, où il se rendait jadis précédé de sirènes et autres gyrophares grondantes? Luc Emane on ne dira jamais assez, serait victime de son arrogance. De la sur-mesure et finalement de sa proximité avec le prince qu'il a crue lui donner un pouvoir sur certains de ses collaborateurs voire même de ses chefs contre qui, selon différentes sources, il faisait monter dans les oreilles de "l'homme lion" toute sorte de médisance.

Selon cette thèse, le lieutenant Emane serait alors l'arroseur arrosé. Lui le tout puissant neveu de du général Benoît Asso Emane de redoutable renommée. Reste le symbole. Celui du garçon de la maison - et de maison - qui, du jour au lendemain, est défénestré comme un malpropre et livré à la vindicte populaire. Reste surtout l'image d'un Palais que certains croyaient intégralement protégé, et que d'autres disent livré à toutes sortes d'"apprenti sorciers", pour emprunter à la dialectique en vigueur en vigueur depuis les émeutes contre la vie chère de février dernier.

Luc Emane, dans la troupe, est en effet perçu par beaucoup comme l'image de ce "sans grade" qui a réussi à émerger dans un océan de caïmans. Il est donc une icône mais risque, au vu des événements, de sombrer dans un lac de fantasmes, dans un milieu où rien n'est jamais fait pour éclairer la lanterne du citoyen lambda.

Il est actuellement gardé au pavillon de l'hôpital militaire, à Yaoundé.Le lieutenant Luc Emane a été victime d’un évanouissement cette semaine dans les locaux de la sécurité militaire à Yaoundé.Le malaise intervient à la suite de sa mise à la retraite d'office avec suppression de sa pension retraite par décret du chef de l'Etat, lundi 1er décembre 2008.Conduit à l'hôpital militaire mercredi 3 décembre, à la suite de ce choc, le lieutenant sera mis sous soins intensifs au pavillon D, en face du pavillon pédiatrique.

Ayant repris connaissance dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 décembre, le lieutenant Luc Emane a tenté de se suicider, en frappant sa tête à plusieurs reprises contre le mur de la chambre d'hôpital. Mais, il sera maîtrisé par des infirmiers qui ont immédiatement accouru.

Le lendemain, vendredi, six éléments de la compagnie d'Etat major de l'armée de terre ont été détachés pour assurer la sécurité du suicidaire. Le reporter du Jour a pu se rendre compte de la situation sur place à l'hôpital militaire de Yaoundé, lorsque six éléments du service central de la recherche judiciaire (antigangs) lui ont rendu visite. A cette occasion, ces éléments se sont officiellement emparés du dossier du vol de la mallette du président désormais entre les mains du secrétariat d'Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie (Sed). Ce qui marque le début de l'enquête. Car, ainsi que le précisent nos sources, ce dossier n'avait jamais été ouvert jusqu'alors.

En septembre dernier, le lieutenant Luc Emane a été précipitamment rapatrié au Cameroun, alors qu'il était dans la suite du président de la République, pour une tournée qui devait le conduire dans plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis, la Suisse et le Canada. Pourquoi ce rapatriement ? Le Jour avait appris que la mallette du président de la république, qui avait été confiée au directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, avait été subtilisée par le lieutenant Luc Emane. L'incident s'était déroulé à l'hôtel Intercontinental à Genève, où Paul Biya et sa délégation avaient fait escale entre le départ du Cameroun et l'arrivée à New York.

Certaines informations ont circulé faisant état de sa libération suivie de sa mise à la disposition du commandant du 3e secteur militaire basé à Bertoua. Or, Le Jour a appris que le lieutenant Luc Emane était gardé dans les bâtiments de la Sécurité militaire, à l'intérieur de la garnison militaire, à Yaoundé, ceci depuis le mois de septembre, à la suite de son rapatriement précipité. C'est là qu'il a appris la nouvelle de sa mise à la retraite avec perte d'indemnités. Une nouvelle qui aurait été à l'origine de sa tentative de suicide.

© Quotidien Le Jour : Écrit par Maurice Simo Djom


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