Cameroun ou le triomphe de la régression chronique...

Publié le par Joel Didier ENGO

"Ens de Maroua : L’épreuve de Paul Biya

A en croire des sources crédibles, le président de l’Assemblée nationale est allé porter au chef de l’Etat une correspondance initiée et signée par tous les députés du Grand Nord, à l’exception notable de …"(Dixit Valentin Siméon ZIinga, La Nouvelle Expression, 12 DECEMBRE 2008)


C'est une fois de plus l'esprit républicain qui fait cruellement défaut à ces députés s'identifiant du Grand Nord, qui ont eux-mêmes (pour la plupart) bénéficié des privilèges léonins que leur conférait automatiquement la première république du Cameroun sous le Président Ahmadou Ahidjo; à savoir:


  • la prévalence des fameuses listes A et B dans l'accès aux grandes écoles et grands corps de l'Etat,

  • celle du principe non-écrit de l'équilibre régional,

  • ou encore, la dévolution coloniale ou "Aujoulatiste" du pouvoir entre les régions du «Grand Nord» et du Centre-Sud...


Le plus triste est de constater que plus de 26 ans après, la deuxième république du Cameroun, celle du Président Paul BIYA, ne s'est véritablement pas débarrassée de cette discrimination institutionnalisée, contrairement à ce qu'elle a prétendu à ses débuts...


Bien au contraire, elle l'a pérennisée, quand elle ne l'a pas purement et simplement empirée, en constitutionnalisant la division allogènes/autochtones: d'abord pour mieux régner; mais aussi et surtout afin de saper à jamais les fondements mêmes de ce vivre ensemble (entre les différentes composantes ethniques, tribales, traditionnelles, coutumières, régionales, structurelles...) qui faisait du Cameroun un modèle «d'intégration», voire de cohésion nationale, dans une Afrique instable.


C'est véritablement le triomphe de la régression chronique...au Cameroun en 2008.


Comment pouvait-il d'ailleurs en être autrement avec une élite formatée pour cela???


Je vous remercie

 

Ens de Maroua : L’épreuve de Paul Biya

 

A La Une ce Jour
Le président de la République est réputé avoir reçu hier, le président de l’Assemblée nationale, porteur d’une correspondance par laquelle les députés du Grand Nord souhaitent obtenir une revalorisation des quotas attribués aux candidats de cette région.

On est passé à côté d’un gros incident à l’Assemblée nationale hier. La tension était vive dans les couloirs de l’hémicycle dès mercredi soir.Des informations concordantes faisaient état du boycottage, projeté par les élus du Grand Nord, de la séance plénière programmée  jeudi, à 15 heures.En ces jour et heure, l’absence évidente à l’hémicycle des députés des trois provinces septentrionales, sans distinction de chapelles politiques, est venue confirmer la persistance d’un malaise qui a éclaté sur la scène parlementaire au sujet des résultats du concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de Maroua.

En vérité, à ce moment là, les parlementaires du Grand Nord étaient réunis autour de Cavaye Yegué Djibril. C’est que, selon nos informations, le président de l’Assemblée nationale a été reçu en matinée, autour de 11 heures, au Palais de l’unité, par Paul Biya qui a regagné la capitale la veille, de retour d’un séjour particulièrement commenté de son village, Mvomeka’a.

A en croire des sources crédibles, le président de l’Assemblée nationale est allé porter au chef de l’Etat une correspondance initiée et signée par tous les députés du Grand Nord, à l’exception notable de … Cavaye Yegué Djibril. Il se peut qu’il s’agisse d’une clause de décence de la part du prestigieux facteur, dont on dit qu’il est particulièrement intéressé par la démarche engagée par les députés en colère.

Des indiscrétions font état de ce que dans la lettre adressée au président de la République, les parlementaires du Grand Nord marquaient leur désapprobation de la proportion des admis réservée aux fils de cette région. Il semble que les honorables contestataires, en s’appuyant sur les présumés 95% d’étudiants anglophones de l’Ecole normale de Bambili, espéraient - d’aucuns prétendent qu’ils exigeaient - un taux de 85% d’admissions pour les fils du terroir. Et cela, en lieu et place des 23% qu’ils ont recensés, là même où les officiels du ministère de l’Enseignement supérieur insistent sur un quota de 37% d’originaires du Grand Nord admis à l’Ecole normale supérieure de Maroua. Il n’empêche. Selon toute vraisemblance, l’audience accordée à Cavaye Yegue Djibril au Palais de l’unité a pu déjà laisser entrevoir une amélioration de ces scores ; Paul Biya ayant promis d’instruire un quota de 50% aux seuls ressortissants du Grand Nord si l’on en croit du moins quelques  présents à la réunion restreinte convoquée par le président de l’Assemblée nationale, hier soir.

Toujours est-il que ce compte-rendu a dû faire changer d’avis les honorables frondeurs. D’où leur arrivée à l’hémicycle jeudi, autour de 16 heures. Ce qui a permis de lever l’hypothèque de la tenue de la séance plénière, en attente de quorum pour que les délibérations de la Chambre soient réputées valables. Beaucoup, dans les rangs des députés du Grand Nord, entrevoient déjà - d’autres espèrent simplement - un certain bémol sur une autre manifestation que l’on disait prévue pour le 19 décembre, jour de l’ouverture du Festival national des arts de la culture (Fenac). Des sources bien informées parlaient d’une marche initiée par un député… Undp.  Rideau.

Cette affaire a éclaté au grand jour aussitôt que le ministre de l’Enseignement supérieur a rendu public les listes des admis à l’Ecole normale supérieure de Maroua. Des réunions de concertation se sont multipliées, soutenues ou convoquées par des élites parmi les plus en vue du Grand Nord, se recrutant aussi bien  dans les rangs du gouvernement que parmi les parlementaires. La tenue de la session parlementaire a servi de point d’ancrage à la mobilisation des députés. Dans un étonnant chœur politique, entonné par des élites ayant fait parvenir des listes de candidats à Jacques Fame Ndongo, accusé de n’en avoir fait qu’à sa tête ; ébranlant ainsi une part du clientélisme politique qui entoure cette crise. En attendant de savoir si le compte-rendu de Cavayé Yégué Djibril est fidèle aux résolutions prêtées au président de la République, des soucis sont d’ores et déjà perceptibles. Ils tiennent à cette “ jurisprudence ” de la contestation, aux voies qu’elle ouvre pour la République.

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