Dur Dur d'être opposant en Afrique!!!...

Publié le par Joel Didier ENGO

Sans vouloir généraliser, mais où que l’on se tourne sur le continent, il n’est plus conseillé d’être opposant(s) aux potentats locaux.
L’Ethiopien Meles Zenawi (1), l’interlocuteur favori des occidentaux, n’en fait pas exception. Le Sommet sur le réchauffement climatique de Copenhague, pour lequel il était le porte-parole de l’Afrique, aurait aussi dû s’enquérir de la disparition annoncée de l’opposition politique sur le continent.

Le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi.


Car plus que jamais en Afrique, l’opposant(e) politique est une véritable espèce en voie de disparition: il n’a sa place qu’au cimetière (plus souvent dans une fosse commune); à défaut dans un bagne à vie ou en exil. Ou alors, doit-il s’atteler à servir d’alibi démocratique aux tyrannies en place, avec la complicité des bailleurs de fonds internationaux.

Telle semble à l’évidence, la «remarquable évolution» politique de l’Afrique en 2009: un retour à marche forcée aux Hommes forts et à leurs partis uniques (les autres formations politiques étant, au mieux des satellites autorisés, au pire des “organisations terroristes” …).

Ainsi où qu’il se trouve, quoiqu’il fasse, l’opposant Africain est forcément un “Wanted”.

Pauvre Afrique!!!

 

Joël Didier Engo



1- En Ethiopie, une vague de condamnations à mort pour des opposants
LE MONDE | 23.12.09 |
http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2009/12/23/a-six-mois-des-elections-des-opposants-condamnes-a-mort-en-ethiopie_1284197_3212.html

A six mois des premières élections depuis le bain de sang qui avait suivi le scrutin précédent, en mai 2005, la justice a lourdement condamné des opposants, mardi 22 décembre; cinq à mort et trente-trois autres à la prison à perpétuité – certains par contumace.

Fin avril, quarante-six personnes, dont trente-quatre ex-militaires et six officiers d'active avaient été accusés d'avoir pris part à un complot destiné à "assassiner des membres du gouvernement", selon le pouvoir. Quatorze d'entre eux se trouvaient à l'étranger, dont Berhanu Nega, le chef de leur mouvement d'opposition, Ginbot 7 ("15 mai"), aujourd'hui professeur d'économie aux Etats-Unis.

 

 

Ces condamnations s'inscrivent dans le droit fil de la crise ouverte avec les élections de 2005. Meles Zenawi, le premier ministre, arrivé au pouvoir en 1991, a engagé des réformes pour redresser l'économie (l'Ethiopie devrait enregistrer une septième année de croissance à deux chiffres).

 

Il bénéficie aussi d'un fort soutien de bailleurs de fonds. Mais au fil des ans, M. Zenawi a aussi laissé monter l'insatisfaction devant la prédominance des membres de son groupe, les Tigréens, dans les rouages du pouvoir politique et économique.

 

"UN AVERTISSEMENT"


A la surprise du pouvoir, les élections de mai 2005 avaient suscité un raz de marée en faveur de l'opposition. Berhanu Nega, l'une de ses figures, avait été élu maire d'Addis-Abeba, la capitale. Les contestations de la victoire du parti au pouvoir, sévèrement réprimées, avaient entraîné la mort de 200 personnes, des vagues d'arrestations et une série de procès pour "génocide".

 

Les opposants condamnés à perpétuité, avaient été graciés après avoir été contraints de reconnaître leur implication dans les troubles et demandé un pardon public. Pour s'être rétractée par la suite, Birtukan Mideksa, surnommée par ses partisans la "Aung San Suu Kyi éthiopienne", est aujourd'hui incarcérée.

Dans l'intervalle, Ginbot 7 a été créé, avec Berhanu Nega à sa tête. Fin avril, un "complot" a été dénoncé par les autorités, impliquant ses dirigeants et des responsables militaires. Leur condamnation intervient alors qu'approchent les élections.

 

Joint par téléphone à Londres, l'un des condamnés à mort, Andargachew Tsige, a déclaré au "Monde" : "Ces condamnations sont un avertissement aux Ethiopiens pour leur déconseiller de s'opposer au pouvoir. Nous allons voir si la communauté internationale comprend enfin qu'il faut cesser de soutenir ce régime à tout prix. Il y a en Ethiopie une grande insatisfaction, et un malaise sérieux dans l'armée."


Jean-Philippe Rémy
Article paru dans l'édition du 24.12.09

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